Ce village oublié du Luberon échappe aux touristes (et c’est peut-être le plus beau)

À l’abri des circuits touristiques classiques du Luberon, Oppède-le-Vieux fascine autant qu’il déroute. Situé dans le Vaucluse, à une quinzaine de kilomètres de Gordes et de Ménerbes, ce village fantôme a été délaissé pendant plus d’un siècle avant de renaître sous les pinceaux des peintres et les pas des curieux. Contrairement aux villages rutilants du Luberon rénovés à la chaux, Oppède-le-Vieux n’a pas fait peau neuve : il a gardé ses cicatrices, et c’est là toute sa puissance.

Oppède a une histoire vieille de plus de 1000 ans. Pendant le Moyen Âge, c’est une place forte stratégique nichée sur un promontoire naturel, ce qui lui permet de surveiller la vallée du Calavon. Le village est florissant jusqu’au XIXe siècle, mais peu à peu, les habitants fuient les hauteurs trop escarpées pour reconstruire un bourg plus accessible en plaine : Oppède-les-Poulivets.

Résultat : le cœur du vieux village est abandonné, livré aux ronces, aux silences et aux ruines. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’il attire à nouveau l’attention.

Dans les années 1940, alors que la guerre fait rage en Europe, une communauté d’artistes s’installe dans les ruines d’Oppède-le-Vieux. Ce groupe, connu sous le nom de groupe d’Oppède, était formé d’architectes, d’intellectuels, de peintres et de sculpteurs (dont Bernard Zehrfuss, futur architecte du CNIT à La Défense). Ils restaurent certains bâtiments, vivent de façon quasi monacale, et cherchent à se reconstruire par la création et la nature.

Aujourd’hui encore, Oppède conserve cette aura artistique. Quelques galeries discrètes y sont installées, et les visiteurs y viennent moins pour faire des selfies que pour ressentir un lieu « habité autrement ».

Il faut mériter cette église : le chemin qui y mène est escarpé, pavé de calades irrégulières, bordé d’oliviers et de murs à moitié écroulés. Mais l’arrivée à Notre-Dame-Dalidon, perchée tout en haut du village, est une récompense.

Construite au XIIe siècle et fortifiée au XVe, l’église Notre-Dame-d’Alidon impressionne par sa sobriété et sa force. Avec ses lignes pures et sa silhouette massive, elle évoque la solidité d’une forteresse. Elle fut longtemps un refuge face aux guerres et aux troubles. Partiellement restaurée, elle accueille aujourd’hui des messes et concerts, notamment en été. À l’intérieur, la simplicité volontaire de l’architecture met en valeur la pierre brute et une acoustique saisissante, propice à la contemplation.

💰Tarifs : Entrée libre.

Surplombant l’église et le village, les ruines du château d’Oppède dominent toujours le paysage, malgré les siècles. Les murs encore debout, les pierres éparses et la végétation qui s’y faufile composent un décor saisissant, témoin de l’histoire et du lent travail du temps.

On y accède par un sentier en montée depuis l’église, en une quinzaine de minutes. Le site n’étant pas sécurisé, la prudence s’impose, surtout en cas de pluie ou avec de jeunes enfants. Une fois au sommet, la vue sur le Luberon est dégagée et spectaculaire, et l’on peut surprendre le passage discret d’un lézard ou le frôlement d’une chouette dans la lumière.

💰Tarifs : Accès libre, site non aménagé.

Visiter Oppède-le-Vieux, c’est accepter de ralentir. Ici, pas de boutiques de souvenirs ni de glaciers tapageurs. Le silence est roi, seulement troublé par les graviers sous les semelles et le chant des cigales.

Quelques moments à ne pas manquer :

• Prendre un café à la terrasse du "Petit Café des Jeanne", bistrot installé dans une maison Renaissance. Réserver est indispensable en saison.
• Explorer les ruelles envahies par la végétation, où figuiers et lierres s’invitent dans les escaliers.
• Observer les détails architecturaux : linteaux sculptés, portes murées, escaliers suspendus dans le vide.
• Participer à une visite guidée nocturne en été : torche en main, on découvre le village comme au temps des veilleurs.

Parce que c’est un village à la fois mort et vivant, habité et désert, classique et marginal. Un lieu qui n’a pas cédé au tourisme de masse, qui ne veut pas plaire à tout prix, mais qui touche au cœur ceux qui aiment les histoires de pierres, de luttes, et de renaissance.

C’est un Luberon plus brut, plus authentique, un fragment de temps arraché à l’oubli.

Informations pratiques

• 📍Localisation : Vaucluse, Parc naturel régional du Luberon. À 15 minutes de Gordes.
• 🚗 Accès : Parking obligatoire à l’entrée du village (3€ les 2 heures). Le cœur du village est piéton.
• 🌿 Période idéale : Printemps et automne. L’été, il y fait très chaud et le village reste peu ombragé.