Ces îles cachées de Méditerranée qui échappent encore au tourisme de masse

Bendor, minuscule île posée juste en face de Bandol, est une fantaisie à ciel ouvert. Créée et imaginée dans les années 1950 par Paul Ricard, elle semble sortie d’un rêve un peu rétro. On y accède en cinq minutes de navette depuis le port de Bandol, et dès l’arrivée, le charme opère : ruelles colorées, sculptures modernes, petit port méditerranéen parfait pour flâner. C’est une île artistique, dédiée à la contemplation douce, idéale pour une escapade romantique ou une pause hors saison. Les amateurs d’art y découvriront des galeries et musées insolites, tandis que les épicuriens profiteront d’un verre en terrasse face à la mer. 

Les Embiez, plus grandes et plus sauvages, forment une autre création de Paul Ricard, à découvrir au départ du port du Brusc (Six-Fours-les-Plages). Moins connues que leurs voisines hyéroises, elles séduisent les amoureux de nature préservée et les familles à la recherche d’un coin paisible pour faire du vélo, de la voile ou du paddle. Le sentier littoral offre des vues spectaculaires sur la côte varoise, et le centre océanographique Paul Ricard propose une immersion dans l’écosystème marin. Sur place, plusieurs hébergements permettent d’y passer la nuit, dans une ambiance détendue, presque insulaire au sens fort du terme.

L’île d’Or, face à la plage du Dramont à Saint-Raphaël, n’est pas une île comme les autres : elle ne se visite pas. Privée, elle se dresse pourtant fièrement sur son socle de porphyre rouge, surmontée d’une tour néo-médiévale digne d’un conte fantastique. Accessible uniquement en bateau privé (et encore, rarement autorisé à débarquer), elle nourrit l’imaginaire plus qu’elle ne se laisse approcher. On raconte qu’elle aurait inspiré Hergé pour L’Île Noire, et il suffit de la contempler depuis la plage pour y croire. C’est une île qui se regarde comme une peinture, idéale pour les rêveurs, les photographes, ou ceux qui aiment que le mystère reste entier. On n’y dort pas, mais on peut l’emporter longtemps avec soi.

Le fort de Brescou, perché sur un îlot volcanique au large du Cap d’Agde, semble tout droit sorti d’un film de cape et d’épée. Accessible en navette ou en bateau privé selon la météo, il trône, solitaire, battu par les vents, à quelques encablures de la station balnéaire. Le contraste est saisissant : alors que la côte vit au rythme des plages bondées, ici règne un calme de forteresse oubliée. Le fort, longtemps prison et bastion stratégique, n’est aujourd’hui que ruines et silence. On y vient pour le panorama, la sensation d’isolement, et le plaisir de poser le pied sur une terre inaccessible. Aucune possibilité d’y passer la nuit, mais la visite, souvent brève, marque les esprits. Un voyage dans le temps, à portée de rame.

L’île de Lavezzu, la plus célèbre de l’archipel des Lavezzi au large de Bonifacio, est un monde à part. On y accède en bateau, souvent lors d’excursions organisées depuis Bonifacio ou Porto-Vecchio. Ce caillou granitique posé sur une mer turquoise est un dédale de blocs roses, de criques nacrées et de silence. Il n’y a pas d’ombre, pas d’eau douce, aucun commerce, mais l’expérience est unique. Les amateurs de snorkeling y explorent des fonds d’une clarté irréelle, les randonneurs sautent de rocher en rocher, les plus contemplatifs posent leur serviette sur un coin de sable et regardent la mer. Pas d’hébergement ici : on y passe la journée, et c’est souvent suffisant pour tomber amoureux.

Cavallo, en revanche, est l’île la plus privée de l’archipel. Accessible en bateau depuis Bonifacio, mais uniquement par navettes réservées ou yachts, elle cultive sa discrétion et son raffinement. Villas dissimulées dans le maquis, golf de poche, petites criques accessibles uniquement par la mer : c’est un havre de luxe réservé à ceux qui peuvent se l’offrir. On peut y dormir dans quelques hôtels haut de gamme ou résidences privées. Cavallo, c’est la destination des amoureux du silence chic, des escapades confidentielles, loin de toute agitation.

L’île Piana, plus discrète que ses voisines Lavezzu et Cavallo, fait elle aussi partie de l’archipel des Lavezzi. Accessible uniquement en bateau depuis Bonifacio, elle dévoile une nature brute et aride, sans aucun aménagement touristique. Ici, pas d’ancrage facile, pas de plage aménagée, mais des reliefs granitiques, des criques d’eau cristalline et une impression de bout du monde. L’île attire les kayakistes aguerris, les photographes animaliers, les voyageurs qui cherchent un contact brut avec les éléments. Elle ne se visite que dans le respect total de l’environnement, et bien sûr, il est impossible d’y dormir. Un trésor sauvage qui complète l’expérience d’une navigation dans l’archipel le plus minéral de Corse.

Les îles Sanguinaires se méritent. Situées à l’entrée du golfe d’Ajaccio, au large de la Corse, elles sont visibles depuis la célèbre pointe de la Parata, d’où l’on peut embarquer en bateau ou s’y rendre en kayak pour les plus sportifs. Dès qu’on y met pied, le granit rose, les sentiers battus par le vent, les parfums d’immortelle et le cri des goélands plongent le visiteur dans une atmosphère presque mystique. L’idéal est de s’y rendre en fin de journée pour admirer le coucher du soleil : les rochers deviennent rouges, presque incandescents, donnant à l’archipel son nom si évocateur. On n’y trouve ni commerces ni logements, mais l’essentiel est ailleurs : un spectacle brut, méditerranéen et puissant, pour les voyageurs solitaires, les rêveurs ou les photographes en quête de lumière.

Sainte-Marguerite, face à Cannes, est une île qui étonne par sa tranquillité. En quinze minutes de traversée en bateau, on quitte l’agitation de la Croisette pour rejoindre une forêt de pins, de chênes verts et de senteurs méditerranéennes. Ici, les familles se promènent à l’ombre, les couples trouvent des criques où poser leur serviette, et les curieux visitent le Fort Royal où fut enfermé le mystérieux Homme au masque de fer. C’est une île accessible, sans hébergement, mais idéale pour une excursion d’une journée, entre baignades discrètes et escapades historiques.

Saint-Honorat, sa voisine plus discrète, dégage une aura de paix rare. Elle appartient à une communauté de moines cisterciens qui y produisent du vin et accueillent les visiteurs dans le silence du monastère. On y accède par bateau depuis Cannes, mais l’ambiance y est radicalement différente : pas de musique, pas de foule, seulement des vignes, des oliviers, des chapelles anciennes et le chant des cigales. On ne peut pas y dormir librement, sauf si l’on entreprend une retraite spirituelle. Une parenthèse hors du temps, à réserver à ceux qui cherchent à ralentir et à se reconnecter à l’essentiel.

Pomègues est sans doute la plus sauvage des îles du Frioul, cet archipel posé en face de Marseille et accessible en navette depuis le Vieux-Port en une vingtaine de minutes. Dès l’arrivée, on sent que l’île vit à son propre rythme, loin de l’agitation urbaine. Aucun commerce, presque pas d’ombre, mais un silence rare et un paysage de rocailles balayé par le mistral. Pomègues attire les amoureux d'espaces arides, les contemplatifs qui aiment marcher au bord des falaises et s’immerger dans une Méditerranée brute. On y vient pour s’isoler, observer les oiseaux marins, pêcher, ou simplement se baigner dans des criques désertes. Il n’est pas possible d’y dormir, ce qui renforce encore son atmosphère de territoire sauvage.

Ratonneau, la sœur jumelle, est plus accessible et plus animée. Elle abrite un petit port de plaisance, une plage agréable (Saint-Estève), des restaurants et les ruines de l’hôpital Caroline, vestige d’une époque où les voyageurs étaient mis en quarantaine à l’arrivée à Marseille. Ratonneau séduit les familles, les groupes d’amis et les randonneurs d’un jour qui cherchent un compromis entre nature et confort minimal. C’est une destination parfaite pour une escapade sans voiture, où l’on se balade à pied de crique en crique avant de s’attabler face à la mer. On peut y passer la nuit dans quelques hébergements simples, souvent prisés par les Marseillais en quête de déconnexion.

L’île d’If, rendue mythique par Le Comte de Monte-Cristo, est sans doute la plus célèbre des îles marseillaises. Accessible en navette depuis le Vieux-Port, elle impressionne par sa forteresse austère plantée au cœur des flots. On y vient pour marcher sur les pas d’Edmond Dantès, visiter les cellules du château d’If, et profiter d’un panorama spectaculaire sur la ville. Très prisée en été, elle séduit les passionnés d’histoire comme les curieux d’un jour. Il n’est pas possible d’y dormir, mais l’expérience, elle, reste gravée longtemps.

L’île de Riou, en revanche, est une île interdite, ou presque, face aux Goudes, à l’extrémité de Marseille. Elle fait partie d’une réserve naturelle protégée et n’est accessible qu’aux scientifiques, aux plongeurs encadrés ou aux navigateurs aguerris. Les bateaux ne peuvent s’y approcher que sous conditions strictes. Pourtant, cette île attire les regards depuis la côte marseillaise : ses falaises blanches, sa silhouette dentelée, son isolement lui donnent des allures de mirage. Pour ceux qui ont la chance d’y plonger, c’est un monde sous-marin d’une richesse inouïe, peuplé de mérous, de gorgones et de paysages sublimes. Mais on n’y dort pas, on n’y débarque pas librement. Riou, c’est l’île qu’on admire de loin, comme une promesse de nature inviolée.

Planier, enfin, est l’un des lieux les plus insolites de la Méditerranée française. Perchée à l’ouest de Marseille, cette petite île plate abrite un phare mythique qui guide les marins depuis des siècles. Accessible uniquement en bateau privé ou lors de sorties plongée organisées, elle est entourée d’eaux claires et de fonds redoutés des navigateurs. C’est un spot très prisé des plongeurs, qui viennent y explorer des épaves spectaculaires. Le Planier est aussi un rêve pour les photographes et les poètes : cette silhouette solitaire, perdue entre ciel et mer, évoque une île de roman. On n’y dort pas, mais on y rêve souvent.

Porquerolles, c’est un petit coin de paradis à moins de 20 minutes en bateau depuis la presqu’île de Giens. Une fois débarqué, on oublie tout : ici, pas de voitures, seulement des vélos, des chemins sablonneux bordés d’eucalyptus, et des plages à couper le souffle comme celle de Notre-Dame, élue parmi les plus belles d’Europe. Les amateurs de baignade, de balades tranquilles et de pique-niques dans les pinèdes y trouveront leur bonheur, tout comme les familles en quête de nature douce et accessible. Il est possible d’y passer la nuit, à condition de réserver bien à l’avance : quelques hôtels et maisons d’hôtes y accueillent les voyageurs désireux de goûter à la quiétude insulaire jusqu’au bout.

Port-Cros, sa voisine plus discrète, est un joyau brut classé parc national. L’arrivée en bateau depuis Hyères ou Le Lavandou donne déjà le ton : une île escarpée, densement boisée, sans voitures, où les sentiers sinueux côtoient une mer d’un bleu profond. Ici, pas de plage de sable, mais des criques secrètes, des fonds marins d’une richesse rare et des chemins de randonnée parfaitement balisés. C’est le paradis des plongeurs et des randonneurs qui aiment sortir des sentiers battus. Quelques logements y existent, mais ils sont peu nombreux et souvent pris d’assaut. Pour les amoureux de nature sauvage et préservée, c’est une destination à part, un sanctuaire méditerranéen hors du temps.

L’île du Levant, la troisième sœur de l’archipel, s’adresse à ceux qui cherchent une expérience atypique. Accessible en bateau depuis Hyères ou Le Lavandou, elle est partagée entre un domaine naturiste et une zone militaire interdite. Sur place, les chemins serpentent à travers la garrigue, le long de falaises escarpées et de criques aux eaux limpides. Les amateurs de nature et de nudité assumée y trouveront un havre de paix tolérant et sans artifice. On peut y dormir dans des hébergements simples et charmants, souvent tenus par des habitués. Un endroit unique pour déconnecter du tumulte terrestre, au plus près des éléments.